Dans cette section, vous proposons un retour dans le temps à Williers, un goût de la vie de tous les jours perçue par les habitants du village, qu'ils soient natifs de Williers ou non.
Bon retour dans le temps !
Arrivée au village et installation
M. et Mme Raymond sont arrivés à Williers en 1947. A l'époque, après avoir été adjoint, l'instituteur devait obligatoirement faire un séjour dans une commune rurale pour s'aguerrir. La présence d'un jardin et la possibilité de faire le secrétariat de Mairie faisaient partie des critères de choix de la commune. M. et Mme Raymond avaient choisi Williers notamment en raison de sa situation frontalière (Mme Raymond était originaire de Les Bulles, Belgique, et son époux de Blagny, France).
L'instituteur était logé gratuitement (avec également le chauffage et le courant) dans un bâtiment qui regroupait aussi la mairie et l'école, mais le confort était relatif et en rapport avec la période d'après-guerre. A leur arrivée, le sol était recouvert de paille et le bas des murs tapissé de vieux journaux.
Le père de M. Raymond fut mis à contribution pour retapisser les pièces et le père de Mme Raymond pour refaire la porte du grenier.
M. et Mme Raymond se sont toujours demandés pourquoi le logement de l'instituteur était dans cet état. Nous avons posé la question dans le village et voici ce qu'il en est : pendant la guerre, l'école a été occupée par les soldats allemands. Par après, soit les instituteurs ne logeaient pas sur place, soit étant célibataires n'occupaient que le haut du logement. (note de la rédaction)
Quelques renseignements ou anecdotes sur l'école
La classe unique de l'école accueillait bien sûr les enfants du village, mais aussi les enfants du receveur des douanes (M. Dumaine) qui venaient à pied deux fois par jour du Paquis de Frappant. Nelly et José Lahaye de Chameleux en Belgique fréquentaient aussi pour des raisons de proximité l'école de Williers. Les enfants venaient à l'école jusqu'au passage du Certificat d'Etudes. Mme Raymond assurait l'apprentissage de la couture pour les filles de la classe.
A l'époque, il y avait classe les samedis après-midi (les jours de congé étaient le jeudi et bien sûr le dimanche) : c'était l'occasion de regarder des films provenant du C-D-D-P (centre de documentation pédagogique) avec le projecteur tout neuf acheté par la mairie.
Occupations de l'instituteur en dehors de la classe
L'instituteur assurait le secrétariat de mairie. Il faisait aussi le tour des maisons du village pour les "Assurances incendies".
M. Raymond, friand de concours, organisait aussi par courrier une compétition de mots-croisés. L'inspecteur de l'Education Nationale l'ayant appris lui demanda de réduire cette occupation, car elle ne correspondait pas aux attributions classiques d'un instituteur. M. Raymond était aussi correspondant du journal local "l'Union".
Vie familiale
L'école, la mairie et l'appartement étaient chauffés au bois. Il fallait donc allumer le feu avant l'arrivée des enfants et avant les réunions du conseil. La mairie fut ensuite chauffée avec un "Fireball" à gaz. L'accès à la mairie et aux chambres de l'appartement se faisait par un escalier commun.
C'est M. Delaitre qui faisait la coupe de bois et M. Henri Collin qui l'amenait à l'école.
L'éclairage du village et de l'église était assuré par un compteur se trouvant dans le bâtiment de l'école. Quand il y avait une panne de courant à l'église, il y avait quelques personnes qui pensaient que "l'instit laïque" pouvait y être pour quelque chose. Le courant électrique était gratuit pour l'instituteur, mais il fallait se montrer discret quand à son utilisation par exemple en arrêtant de se raser quand quelqu'un venait à la porte.
Les toilettes, communes avec l'école, se trouvaient à l'extérieur dans la cour de récréation. Les lessives se faisaient dans un bassin puis dans un bac à laver installé par la Mairie. La toilette se faisait dans une grande bassine en tôle galvanisée.
En dehors de son travail de mère de famille, Mme Raymond était chargée du ménage de l'école, des escaliers et de la mairie.
Les courses se faisaient chez Mme Martha Briffaut (ndlr :café-épicerie à l'entrée du village), à Chameleux (café Lahaye) et grâce aux commerçants qui faisaient des tournées. Il y avait aussi le jardin qui permettait d'assurer une bonne partie de l'alimentation. En complément tous les jeudis, M. Raymond "descendait" à Carignan pour acheter ce qui manquait. Ce déplacement (24 km aller-retour) se faisait en vélo, puis en mobylette et enfin en voiture (Simca Aronde). Photo : famiile Raymond, années 1956-1957 |
L'instituteur a eu la première télévision du village, en 1960. Au début, des personnes du village venaient découvrir cette nouveauté (Ce fut le cas à l'occasion des Jeux Olympiques de Rome). Elles avaient droit aux gaufres en supplément du spectacle.
Quand un cochon était tué, l'instituteur recevait la "charbonnée". Pour la fête patronale (St Barthélémy), le voisin, M. Martin, venait boire un verre à la maison.
La plupart des garçons du village étaient enfants de chœur. Les curés de l'époque furent successivement l'abbé Brion (qui venait de Belgique), puis l'abbé Delausanne (bon vivant, amateur de foot) et l'abbé Guilloteau. Le dimanche, les enfants de l'instituteur, accompagnés de leurs parents ou parfois d'un groupe d'enfants du village, partaient à pied au cinéma à Florenville. En 1961, l'aîné des enfants de M. et Mme Raymond doit aller au collège à Carignan. Il n'y a pas de ramassage scolaire. L'inspecteur de l'Education Nationale, M. Ouvrard, connaissant la passion de M. Raymond pour les mathématiques l'incite à passer le concours de P-E-G-C (Professeur d'enseignement général des collèges). Photo : famille Raymond, 19?? |
C'est ainsi que M. et Mme Raymond quittent Williers pour Carignan avec un pincement au cœur après quatorze années de présence.
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photo de reserve:
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