Nous retraçons ici l'évolution de l'instruction et la vie
à l'école.
Le fil conducteur le plus approprié pour cette section est la chronologie
des instituteurs ponctuée des lois relatives à l'enseignement
et étoffée par la monographie du village écrite par
l'instituteur de Williers en 1888.
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Autre instituteur : PETITQUEUE (Sedan), après CHARLOT et avant GOUT.
RAVIGNEAUX Jean-Baptiste, 1833
Breveté pour l'enseignement primaire.
Suivant une délibération du conseil municipal il reçoit
une indemnité de 60 francs parce qu'il tient l'école chez
lui.
Il épouse Suzanne Daussin (17 ans) le 30 avril 1833, 8 enfants (2
fils et 4 filles) naîtront à Williers entre 1835 et 1851.
DEFRANCE Pierre, 1839
Elève de l'école normale.
Une délibération du conseil municipal porte la rémunération
de M. Defrance à 250 francs.
M. Defrance est né en 1821 à Pouru St Remy et épouse
Marie Catherine Romain (19 ans) le 24 mars 1840.
" Il apparaît que M. Defrance avait un moyen disciplinaire extraordinaire. Voici en quoi il consistait :
Il avait pratiqué un trou au plancher supérieur de la salle. A l'occasion, il faisait descendre une corde par ce trou. Une personne de sa famille ou autre était à l'étage et tenait le bout de la corde. Alors il attachait l'élève récalcitrant à la corde et commandait d'une grosse voix : « Bon Dieu, enlevez-le ». Sur quoi l'élève épouvanté commençait son ascension vers le plafond. On raconte que cette punition inspirait aux enfants une profonde terreur."
Le même M. Defrance ou peut être un de ses successeurs avait inventé autre chose encore.
Aux punitions ordinaires : faire présenter les
doigts pour recevoir les coups de baguettes, mettre a genoux sur l'arrête
d'un morceau de bois, faire tenir à bras tendus un volume pendants
plus ou moins longtemps etc., il avait ajouté celle-ci qui, ce me
semble, ne manque pas d'originalité. Il pratiquait un trou dans une
table à l'aide d'une vrille, enfonçait dans le trou une mèche
de l'élève et le serrait au moyen d'une cheville. L'élève
devait rester attaché ainsi ou s'arracher les cheveux. »
LEDUC Jean-Pierre, 1841
Présenté le 08 novembre 1841.
Décédé à Williers le 26/02/1842, âgé
de 68 ans, natif d'Orchimon (B), époux de Marie PHILIPPE.
LEFEVRE, 1842
Présenté le 09 novembre 1842.
GUILLAUME, 1845
Présentation par le sous-préfet de M. GUILLAUME de Messincourt
(12 km de Williers).
VIROLLES Charles, 1849
Venait de Messincourt (12 km de Williers)
"Cet instituteur fut longtemps en désaccord
avec le maire, M. Lamotte, qui chercha par tous les moyens à le faire
partir. Monsieur le maire avait même pris les clefs de l'église
et M. Virolles faisait le tour du village avec une clochette pour annoncer
l'heure de l'école. M. Virolles fut enfin destitué par l'autorité,
mais il fallu l'assistance de la gendarmerie pour le faire déménager.
On fut obligé de porter son mobilier dans la rue."
GUILLAUME Jean-Baptiste , 1853
Dans le registre de l'état-civil, nous apprenons qu'en juin 1854,
un enfant de l'hospice de Sedan en nourrice chez Jean-Baptiste Guilaume,
instituteur, 27 ans, est décédé à Williers à
l'âge de 7 mois. Nous ignorons si c'est le même Guillaume instituteur
qu'en 1845. Si c'était la même personne, M. Guillaume aurait
donc enseigné à l'âge de 18 ans en 1845, tout comme
son prédécesseur M. Defrance.
FAVIER Jean-Baptiste, 1856
Né en 1834, encore présent à Williers le 31/08/1859,
il est l'auteur d'une courte monographie du village (4 pages).
GRAFTEAUX Pierre, 1859
Né à Deville (08) le 20/08/1811, il épouse Marguerite
Cadet le 10/11/1834 à Omont (08). Il décède à
Williers le 06/02/1861 à l'âge de 49 ans. Ils ont eu au moins
un fils Nicolas Hector, compagnon ferronier. On trouve à la Bibliothèque
de Sedan (Fond Gourjault) une lettre datée du 22/12/1859 qu'il a
adressé à l'inspecteur d'académie, où il lui
dresse la liste de tous les lieux dits de la commune
ROYNETTE Gustave, 1861
"Est arrivé en provenance de Laifour (51 km), petit village
dans les méandres de la Meuse, en avril 1861. A Williers, il a fait
connaissance avec Éléonore Libert. Il a demandé une
autorisation pour contracter mariage, autorisation accordée par le
ministère le 14 septembre 1861. Il a donc pu convoler en justes noces
le 17 septembre 1861 à Williers. Et le 11 août 1862, naissait,
à Williers, Victor Alcide Roynette du fruit de leurs amours."
Henri Roynette, descendant de l'instituteur.
DROUIN Pierre Nicolas, 1862
Il est marié avec Marie Louise Paquot et, en 1864 à l'âge
de 29 ans, devient papa d'une petite Anne Marie Hélène.
COLLIGNON Frédéric Edmond,
1867-1881
Né a Villy (65 km). Deux filles et cinq fils sont nés à
Williers entre 1868 et 1878.
«Frédéric Edmond Collignon, instituteur
est décédé à Williers le 30 janvier 1881 à
l'âge de 37 ans alors qu'il était déjà veuf de
Marie Catherine Isabelle Petitfils (décédée à
36 ans en 1879 à Williers). Ils reposent tous les deux autour de
l'église dans l'ancien cimetière. Frédéric Collignon
recevait un traitement de 1200 francs. Ce fut le premier Collignon à
Williers. A sa mort ses huit enfants furent recueillis chez leurs grands-parents
à Viel St Rémy et chez des oncles. Un seul revint au village,
c'est mon grand-père, Arthur Collignon. Il s'y maria, eu trois enfants,
et resta à Williers jusqu'à la guerre de 14..." Françoise
Brocard, arrière petite fille de Frédéric Collignon.
Il existe aux Archives Départementales des Ardennes (Archives communales de WILLIERS, série R1) un brouillon de lettre fait sur le registre d'appel de 1873-74 de l'école de WILLIERS, donc probablement de la main de l'instituteur F. Collignon.
Monsieur le Procureur,
Le sieur ROBE François, maréchal ferrant, domicilié à WILLIERS, vient de me faire la déclaration suivante en me priant de vous la transmettre.
Le samedi 24 juin, vers une heure de l'après midi, Elisa ROBE, fille du sieur ROBE susnommé, âgée de 17 ans, se rendait avec sa soeur Sophie ROBE, femme JAMART, dans les bois pour y ramasser de l'herbe. Elles étaient suivies par Marie Joseph HAYON, femme de RONDACHE Jean-Baptiste. A peine dehors du village, la femme RONDACHE se mit à injurier les deux demoiselles ROBE, répétant entre autres choses à son mari, " voilà les deux qui t'ont vu avec la fille PATUREAUX ". Elle voulait faire avouer à Elisa ROBE qu'elle avait vu le sieur RONDACHE avec la dite fille PATUREAUX. Arrivées à 500 m environ du village, elle prit la hotte d'Elisa ROBE de par derrière avec une main, tandis que de l'autre elle la frappait à plusieurs reprises sur la tête avec une pierre. Elisa ROBE est revenue au village avec son habillement plein de sang.
Plusieurs fois cette femme RONDACHE a eu des disputes avec tierces personnes du village, elle a été en justice de Paix avec cette demoiselle PATUREAUX pour insultes et coups.
Pas un habitant du village n'est sûr de n'être pas insulté par cette femme, d'ailleurs il ne se passe guère de jours où il n'y ait des disputes et c'est cette dame qui les amène, ainsi elle est coutumière du fait.
Je porte ces faits à votre connaissance afin que vous puissiez les punir selon les rigueurs de la loi.
On peut précisément le dater, car le seul 24 juin ayant été un samedi fut en 1876, date confirmée par l'âge d'Elisa ROBE qui née le 07/06/1859 avait exactement 17 ans et 17 jours au moment des faits.
DANLOY Jean-Baptiste, 5 octobre 1881 - 1911
Le nom de Danloy apparaît pour la première fois dans le registre
de l'état civil de Williers en 1883 quand Jean-Baptiste (né
à Fleigneux, 08, 52 km), alors âgé de 28 ans, se marie
avec Marie Catherine Lahaye, de Florenville, Belgique (née à
la scierie de Chameleux, au pied Williers). De ce mariage naitront 5 enfants.
Jean-Baptiste Danloy a donc 26 ans quand il est nommé à Williers.
"Nous ne savons pas exactement quand il quitte l'enseignement*,
mais nous pensons qu'il fit toute sa carrière à Williers et
acheta une maison quand il partit en retraite. Il est décédé
à Williers en 1941." Précisions de Gilbert et Jeannine
Tilmont, Jeannine est l'arrière-petite-fille de JB Danloy.
*dans un acte daté du 10/02/1912 Danloy, témoin, est indiqué être instituteur "retraité".
A la fin du XIXe siècle, le Ministère de
l'Instruction Publique demande aux instituteurs primaires de faire une monographie
de leur village, monographies qui serviront pour l'exposition universelle
de 1889.
En décembre 1888 Jean-Baptiste Danloy écrit donc la monographie
de Williers. L'original est conservé dans le Fond Gourjault à
la Médiathèque
de Sedan.
Voir les sections L'école
et Historique de l'instruction
de cette monographie.
Une des classes de Jean-Baptiste Danloy, il se pourrait qu'elle ait été
prise le 8 janvier 1890.
Nicole Leclère pense reconnaitre sa maman Lea ROMAIN : 4eme enfant à commencer par la droite de la rangee où se trouve le bébé sur les bras, juste derriere une fillete en robe blanche.
Nous avons dressé la liste des enfants susceptibles d'être en âge scolaire à cette époque.
CHARLOT Léon, 1911
Il était toujours instituteur en 1921 lors de la prise de la photo qui suit.
D'après la photo de classe il y avait au moins 34 élèves. Jean Warcet a identifié la plupart des élèves et, avec l'aide d'autres Ouirots, nous avons pu mettre un nom sur chaque enfant.
Premier rang :
Jean Warcet, Léon Warcet, Roger Lahaye, Léon Jamart, Adèle
Dupuis, Pierre Collin, Renée Jamart, Aline Habran, Marie Dalier,
Odette Collin, Elisabeth Leclère, Hélène Jamart et
..?.. Cugnart.
Deuxième rang :
Lucien Warcet, Jean Dalier, Jean Bou(eau)ceret, Gaston Jamart, Henri Collin,
M. Charlot, Marcel Habran, Gabriel Habran, Paulette Jamart, Julia Kinzinger,
Cécile Lahaye et S. Robe.
Dernier rang :
Andre Collin, Raymond Briard, Henri Jamart, Fortuné Plateau, Urbain
Collin, Yvonne Kinzinger, Suzanne Daussin, Simone Jamart, Georgette Daussin,
Sergine Leclère.
STEVENIN devenue LAROCHE
Elle était également secrétaire de mairie, probablement vers la fin du mandat de maire de Justin Jamart élu de 1919 à 1930. Mme Laroche avait été malade
en avril, juste avant l'examen du certificat de Jean et Léon Warcet.
Elle refusa de les présenter au Certificat sous prétexte qu'ils
n'étaient pas prêts, mais leur mère, suivant la recommandation
de l'instituteur de Mogues, les y présenta et ils réussirent
tous les deux.
GOUT Robert, 1934
M. Gout était de Mogues, il prenait ses repas de midi chez la grand-mère
de Bernard Collin et retournait chez lui le soir. Cet instituteur insistait
pour que tout le monde ait son certificat et ne comptait pas ses heures
pour aider les enfants à se préparer pour l'examen. Mme Gout
n'avait pas une bonne santé, elle était souvent absente pour
les cours de tricot et de couture.
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"Il était très pointilleux sur les "bonnes manières". Si on ne disait pas bonjour (même dans le village en dehors des heures d'école) et qu'il était présent, on écopait de 50 lignes" (Souvenirs de Simone Briffaut).
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Debout : Assises : Devant : Photo : courtoisie de Nicole Leclère. |
Photo prise en 1938 Assis : Deuxième rang : Derrière:
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TANAZACQ, 1939-1940
Il venait chaque jour en vélo de Carignan.
DELEHEN Fernand, 1942-1944
Cet instituteur prenait ses repas chez les parents de ses élèves.
BROCARD Pierre Nicolas, 1944-1945
Aquarelle signée P. Brocard, 1943 : courtoisie de Bernard Collin
JAUDRILLAT, 1945-1946
L'enfant de l'institutrice était élevé par Léa
Leclère.
LESQUOY, 1946-1947
D'après le registre d'appel journalier, il n'y a plus que 9 élèves
répartis en CFE-CS : 4, CM 2eA : 2, CE 1eA : 1 et CP : 2.
Il est à noter qu'à la rentrée du mardi 1er octobre,
tous les enfants étaient absents le matin, et seulement deux élèves
manquaient à l'appel de l'après-midi. Le lendemain, tout le
monde était présent.
Le lundi de Pâques (14 avril), il y avait une cérémonie
au Monument aux Morts.
Le mardi 13 juin : Certificat d'études 2eD.
Si l'on en croit les dates inscrites sur le registre, l'école aurait
dû se terminer le samedi 12 juillet, mais aucune présence/absence
n'a été notée en juillet et les colonnes de "total"
sont vides. Il est à remarquer que dans les registres d'appel on
prend note des absences et non des présences. Cette institutrice
occupait les deux pièces situées au-dessus de l'école,
la salle de bain servait de cuisine.
Mademoiselle Lesquoy sensibilisait les élèves à l'art
et à la musique.
RAYMOND Louis 1948-1961
Selon le registre d'appel 1947-48, l'école commence le 1er octobre
avec 8 élèves répartis en deux groupes. En mai, nous
constatons deux cas de coqueluche dans une même famille.
Les élèves ont présenté le certificat d'études
le mardi 8 juin 1948 et l'école se termine le 13 juillet. Cette année-là,
l'instituteur a reçu 3 jours de congé pour la naissance de
son fils.
En 1953, le conseil municipal alloue une allocation pour
: un abonnement à l'Education Nationale, l'achat de matériel
métrique, d'une corde à grimper, d'un lavabo et d'un appareil
de cinéma pour l'école.
Une distribution de lait pour les enfants de 6 à 11 ans à
partir du 3 janvier 1954 a été votée. Cette décision
a été annulée le 22 février 1955.
En septembre 1957, le conseil municipal vote l'aménagement du logement
de l'instituteur.
En 1958 : achat d'un fourneau à charbon pour l'école car "il
y avait des difficultés à trouver la main-d'oeuvre nécessaire
au façonnage du bois..."
Classe vers 1949.
Debout : Assises :
Photo : courtoisie de Bernard Collin
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Classe en 1955. De gauche à droite : Devant: Derrière :
Photo : courtoisie de la famille Raymond |
CHOINET Claude, 1961-1963
La classe de 1961-1962 comprenait 15 élèves, celle de l'année
suivante 8. Mme Clotide Choinet enseignait la couture.
BESSE Raymond, le 16 septembre 1963
On suppose que cet instituteur détient le record de la plus courte
prestation, en effet, après deux heures de cours, il a quitté
son poste d'instituteur et les sept élèves sont restés
"sans école" pendant plusieurs jours avant qu'un remplaçant
ne soit nommé.
Article du journal l'Ardennais, septembre 1963
RENAUDIN, 1963
Il remplace Monsieur Besse.
GUINTRANGE, 1967
Dernier instituteur de Williers.
En 1967, l'école de Williers ferme définitivement ses portes. Chantal et Alain Briffaut, Mathilde Choinet, Marilyne Lambert, Danielle Grégoire et Brigitte Lequeux vont donc à Tremblois-lès-Carignan et l'instituteur, M. Soler reçoit l'autorisation du Conseil municipal de Williers de transporter les enfants de Williers à l'école de Tremblois, distante de 5 km.
L'Ardennais
Les élèves se rendront ensuite à l'école de Mogues, plus proche, avec Pierre Totot comme instituteur.
"L'ancienne école du village est en cours de réaménagement pour sa transformation en une salle des fêtes confortable et conforme. La salle en elle-même sera bâtie à l'endroit où se trouvait la cour de récréation et le préau. Les anciens locaux de l'école abriteront les toilettes, une cuisine. Les travaux sont déjà bien entamés et le gros oeuvre devrait être terminé pour la mi-janvier, si les intempéries ne s'y opposent pas..." L'Ardennais, décembre 1979.
La salle baptisée "Henri JAMART" fut inaugurée le 30 août 1980 par Michel JAMART.